Hérodote écrivait : "L'Égypte est un don du Nil". Elle lui doit en effet sa prospérité et sa fertilité. Mais à qui doit-elle la prodigieuse richesse de sa civilisation? Qu'on la juge éclatante ou monstrueuse, la civilisation égyptienne ne laisse personne indifférent et nombreux sont les chercheurs qui ont tenté origines de la comprendre et d'en tirer les enseignements.

Ses origines demeurent cependant assez obscures encore de nos jours. Détentrice d'un savoir mystérieux antérieur au déluge biblique, l'Égypte conserve jalousement ses secrets. On sait toutefois qu'à la période préhistorique (prédynastique, donc), l'Égypte se divisait en de multiples cités, royaumes et provinces, gouvernés par des "Rois-Dieux" indépendants, souvent belliqueux. L'un de ces souverains, nommé Horus, prit rapidement une importance considérable en conquérant une grande partie du pays, imposant aux provinces soumises le culte du faucon. Faisant de cet oiseau l'emblème du soleil pour toutes les qualités qu'ils lui prêtaient (prolifération, longévité, hauteur et rapidité du vol, attaques foudroyantes), les Égyptiens adorèrent et honorèrent Horus pendant des millénaires.

Considérés comme les descendants directs de ce Roi-Dieu, les souverains qui lui succédèrent furent divinisés de la même manière, cette tradition se perpétuant plus tard chez les pharaons. Il est intéressant de noter que, pendant cette évolution (qui s'étend sur plusieurs dizaines de milliers d'années), certains Dieux apparaissent tandis que d'autres se maintiennent ou se transforment. La lutte des Stryges pour la domination du globe?

« Je ne crois pas avoir vécu cette expérience. Je crois que nous rêvons tous de ces créatures à un moment donné de notre existence. »

Esprits du mal, protecteurs de la mort

Outre Horus, issu du faucon totémique venu du fond des âges, la mythologie égyptienne nous offre un panthéon particulièrement riche et abondamment peuplé. Plusieurs figures parmi les plus célèbres correspondent à la description et à l'idée que l'on se fait généralement des Stryges et occupent une place prépondérante dans la vie des hommes de l'époque; telle Nekhbet, la protectrice des rois, qui présente l'aspect d'un vautour ou d'une jeune femme coiffée de cet oiseau ; telle Mout, mère des êtres et âme universelle; telle Isis, la grande magicienne, protégeant la mort de ses ailes étendues; ou encore Thot, le grand Dieu à tête d'Ibis, possesseur de toutes les sciences, inventeur de l'écriture, scribe des âmes, démiurge universel, gardien des formules de magie et d'immortalité.

Bien d'autres Dieux, tels Seth. l'esprit du mal on Anubis, le psychopompe, sont représentés avec corps humains surmontés de têtes d'animaux. Faut-il en déduire, comme pour la mythologie aztèque, que nous avons affaire ici à différentes espèces de Stryges, dont la plupart aurait mystérieusement disparu au cours des âges ?...

« Était-ce quelque suggestion maléfique ? Je ne sais pas (…) J'ai cru que j'étais en train de perdre la raison… »

L'oiseau-Ba séduit les humains

Une autre de ces créatures s'appelle "l'Oiseau-Ba" et représente l'âme du défunt quittant la terre pour rejoindre l'au-delà. L'Oiseau-Ba est en contact avec l'Enfer et tente de séduire les humains. On retrouve ces sentiments contraires (attirance-répulsion) chez le Vampire qui fascine sa victime pour mieux l'anéantir. Là encore, quel que soit son nom, il s'agit d'une créature ouranienne pourvue d'une paire d'ailes et d'un visage humain et, une fois de plus, celle-ci se trouve associée à la séduction et à la mort. Apparence et comportement coïncident une nouvelle fois de manière inquiétante avec le redoutable objet de notre étude.

Illustration : Ibis-Thot, démiurge universel issu du chaos, possesseur de toutes les sciences et initiateur des hommes.