Mythe et réalité : l'apport de la mythologie aztèque

Depuis l'aube des civilisations, les Stryges ont donné lieu à d'innombrables représentations stylisées et récits fabuleux. Les Grecs et les Égyptiens ont immortalisé leur image sur des céramiques, des vases, des coupes, des monnaies, des armes, fresques. des tombes, des fresques.

Si les représentations de Quetzalcoatl sont assez éloignées "physiquement" de celles que l'on a pu voir précédemment dans cet ouvrage, il n'en demeure pas moins que la légende du fameux Serpent-Oiseau des Aztèques semble faire écho au mythe traditionnel des Stryges tout en lui apportant un éclairage des plus troublants. 

Dieu des vents, maître de la vie, créateur et civilisateur, patron de tous les arts, inventeur de la métallurgie, Quetzalcoatl règne sur le peuple aztèque et dispense ses bienfaits. Il sera pourtant chassé de ses terres par son ennemi, le rusé Tezcatlipoca, qui ne songe qu'à la destruction des humains. Vaincu, Quetzalcoatl brûle ses maisons, enterre ses trésors et, précédés de ses serviteurs transformés en oiseaux, se retire en promettant à son peuple de revenir un jour. La légende raconte que, depuis cette époque, des sentinelles guettent le retour du Dieu...

Que dire de cet épisode sinon qu'il évoque clairement la lutte pour la domination d'un espace délimité dont l'homme serait l'enjeu ? Êtres en tout point surnaturels, antagonistes s'il en est, Quetzalcoatl et Tezcatlipoca auraient-ils été deux fauves rivaux combattant pour le même terrain de chasse ? Quoi qu'il en soit, ces ennemis que tout oppose (l'un offre la civilisation tandis que l'autre n'aspire qu'à la détruire) ont été, chacun à leur manière, les maîtres des hommes.

« Les Stryges sont associés à la mort, à la peur et aux zones le plus obscures de notre inconscient. »

Machinations légendaires d'une figure malfaisante

Provocateur de discordes et de guerres, Tezcatlipoca ourdit au cours de son règne un certain nombre de "machinations" déloyales destinées à anéantir l'espèce humaine. L'une des nombreuses légendes dont il fait l'objet raconte qu'il entonna un jour un "chant" magique. Séduits par son chant, beaucoup de gens l'imitèrent et le suivirent. Tezcatlipoca les conduisit sur un pont. Ils étaient si nombreux que le pont s'écroula. Ils furent précipités dans la rivière et nul ne survécut.

Parabole sanglante-lourde d'enseignement et troublante analogie que cette nouvelle allusion à un "chant" ayant le pouvoir de décimer les peuples.

« Tout comme le Vampire, le Stryge est intimement lié au mythe de la Nuit. »

Des Stryges plus nombreux, une espèce plus variée ?

L'opposition entre Quetzalcoatl et Tezcatlipoca nourrit par ailleurs plusieurs pistes de réflexion. La première nous suggère qu'à une époque reculée, les Stryges étaient peut-être plus nombreux et se battaient pour la suprématie de certaines régions du globe. La seconde nous invite à penser que la morphologie des Stryges a certainement évolué et qu'il a dû exister (à moins qu'il n'en existe toujours) plusieurs espèces distinctes de Stryges, à l'instar de Quetzalcoatl le Serpent-Oiseau et de Tezcatlipoca, représenté avec une tête d'ours. La troisième piste suppose qu'à cette même époque si l'on s'en réfère aux nombreux monuments qui leur sont dédiés ainsi qu'aux sacrifices qu'on leur offrait régulièrement-les Stryges intervenaient directement dans la vie quotidienne des hommes, à visage découvert. Cela peut paraître inconcevable aujourd'hui, dans un monde régi par d'autres lois, mais sans plonger très loin dans le passé des peuples, on trouvera des parallèles, un peu partout sur la planète, où les mondes physique et immatériel cohabitaient en permanence.

 

Illustration : la lutte entre Quetzalcoatl et Tezcatlipoca.

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