Derrière le monstre

Principe de dualité

Au Ve siècle av. J.-C., le philosophe grec Héraclite nous enseigne que "l'harmonie des contraires est l'harmonie de l'univers, comme celle de l'arc qui tue et de la lyre qui chante."

Dans de nombreuses mythologies relatant la création du monde, la terre (et par extension les hommes qui l'habitent) est soumise autant aux puissances célestes qu'aux puissances infernales.

Le vocable "monstre" n'a pas le même sens suivant les populations, les contrées et les époques. Un animal peut être un monstre dévastateur à une certaine période, et l'allié de l'homme à une autre. Considérés comme sacrés par les Grecs anciens, les dauphins sont perçus comme des monstres destructeurs par les pêcheurs de sardines du XIXe siècle avant de redevenir nos amis tout récemment. Le poulpe, créature protectrice pendant l'Antiquité, devient un monstre vampire sous la plume de Victor Hugo. Quant aux énormes squales, ils peuvent aussi bien être vénérés dans les iles du Pacifique qu'abhorrés par les pêcheurs de morues ou de baleines. 

Le monstre est parfois considéré comme un prodige, un signe du ciel et un être rare, une créature extraordinaire, parfois comme un démon qu'il faut combattre ou, à défaut de pouvoir le détruire, dont il faut se prémunir.

Ainsi les Aztèques croyaient que Tezcatlipoca errait la nuit sous la forme d'un géant drapé d'un voile cendré (ses ailes ?) portant sa tête à la main. Ils le craignaient et lui offraient des sacrifices humains tandis qu'ils adoraient Quetzalcoatl et lui offraient des vies humaines pour l'honorer et le remercier. Peur ou adoration, le résultat conduit invariablement à la mort.

D'autre part, il est curieux de noter que Tezcatlipoca signifie "miroir fumant". Cette divinité personnifie le soleil d'été qui murit les moissons mais aussi la sécheresse et la stérilité. La dualité se retrouve mise en abîme dans ce nouveau dédoublement de personnalité.

« Là encore, quel que soit son nom, il s'agit d'une créature […] associée à la séduction et à la mort. »

Monstres "agissants"

Mythes, légendes, mystifications et réalité s'interpénètrent constamment. Au Moyen-Âge, l'univers apparaît peuplé d'êtres fabuleux. Loups-garous, goules, morts-vivants et autres diableries terrifient les hommes mais font partie de leur environnement et sont intégrés à la société par le biais des rites et des croyances. De fait, ces monstres "agissent" véritablement. Au fil des siècles, les progrès de la science démystifient peu à peu les créatures surnaturelles et les bannissent de leurs ouvrages et de leurs préoccupations. Krakens, licornes, vampires et sirènes trouvent alors refuge dans les récits d'aventure et l'imagerie populaire. Réduits à leur représentation dans les domaines de l'art, figés dans le merveilleux, le fabuleux, ils en deviennent improbables, et perdent de leur "réalité".

Les Stryges n'échappent pas à la règle. Repoussés, relégués au rang de chimères, ils n'en demeurent pas moins vivaces et le danger qu'ils représentent s'en trouve accru.

Personnages de romans, de films ou héros de bandes dessinées, objets de faits divers ou de canulars, créatures extraterrestres ou pré-humaines, les Stryges sont omniprésents et se manifestent non seulement dans les contrées lointaines, inaccessibles, primitives et sauvages, mais aussi tout près de nous, au quotidien, dans l'humble demeure de votre voisin comme dans les plus hautes sphères du pouvoir.

« On retrouve ces sentiments contraires (attirance-répulsion) chez le Vampire qui fascine sa victime pour mieux l'anéantir. » 

Croyance ou mystification ?

Chaque époque a eu ses mythes. Le diable hanta le XVI et le XVII siècle et l'on exécuta sur les bûchers de l'Inquisition des millions de ses complices. On voyait Satan partout. Était-il vraiment là ?

Un siècle plus tard, ce fut le tour des vampires... La vague prit son essor en Europe de l'Est et balaya toute l'Europe occidentale... On voyait alors des vampires partout... Y étaient-ils ?

Quant aux OVNI et aux inévitables extraterrestres, est-ce une mystification populaire qui provoque l'afflux de témoignages ou est-ce réellement le déroulement visible du phénomène qui convainc les témoins ?

Est-ce la croyance unanime qui provoque l'intervention du surnaturel ou l'inverse?

Commentaires

Les commentaires sont désactivés sur cet article.