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Secret d'Etat et Futur de l'Humanite

Depuis près de quinze ans, deux rapporteurs très spéciaux s'évertuent à rendre publique la vérité, toute la vérité, sur l'un des mystères les plus inquiétants de l'histoire de l'homme. Corbeyran et Richard Guérineau, sous couverture d'auteurs de bandes dessinées, rassemblent album après album les preuves que des êtres surnaturels, les Stryges, écrivent et contrôlent notre avenir... Vous pensiez n'avoir affaire qu'à une fiction trempée d'imaginaire ? Réveillez-vous : ils sont là et nous sommes en danger.

UN CONTEXTE HISTORIQUE

Depuis que l'homme est en mesure de raconter sa propre Histoire, depuis qu'il témoigne de ses expériences les plus heureuses ou les plus cruelles, il invite parfois dans ses aventures, nombre de créatures étranges aux forces et aux pouvoirs inhabituels. Qu'elles soient ailées ou recouvertes d'écailles, qu'elles dévorent les corps ou qu'elles protègent les âmes, qu'elles soient vénérées ou chassées, ces entités insondables nous inspirent parfois le respect, mais le plus souvent la terreur. Peu enclins à accepter une invérifiable vérité - la part sombre de notre existence - nous avons préféré au fil des âges abolir nos craintes en cloîtrant ces entités sous une forme littéraire, quasi encyclopédique, en les reléguant à l'état de légendes, symboles ou fantasmes : la mythologie. Pourtant, si certains monstres peuvent avoir été inventés par des esprits torturés ou malades, d'autres, trop souvent cités à travers le monde en des lieux et des époques éloignés, sont inéluctablement liés à l'humanité. Et c'est bien au sommet de la liste des êtres extraordinaires qui peuplent dans son ombre notre planète que s'élèvent les Stryges.

Selon toute vraisemblance, ces géants ailés aux habitudes vampiriques ont accepté depuis toujours de partager nos territoires. Mieux que cela, ils se sont contentés de se terrer dans des cavernes inaccessibles et de se dissimuler ainsi aux yeux du monde, n'intervenant qu'accidentellement dans notre évolution. Pourtant, aux alentours du second siècle de l'ère chrétienne, quelque chose a changé...

DE LA FICTION...

Kevin Nivek et Debrah Faith forment une équipe inattendue. Le premier, ex-responsable de la sécurité du Président des États- Unis, cherche à trouver l'origine de la maladie qui ronge son amie Melinda Chapman. La seconde, qui agit pour le compte d'une organisation secrète dont elle ignore les ambitions, est une tueuse impitoyable surnommée "l'Ombre". Ils n'ont a priori en commun qu'une rencontre furtive et indirecte avec une créature géante et ailée, aussi sombre que nos pires cauchemars et capable de renaître de ses cendres. Ensemble, ils dissèquent peu à peu une affaire complexe associant complots d'État, sociétés parallèles ou croyances ancestrales à une race d'humanoïdes manifestement supérieurs et immortels : les Stryges. Au-delà de leurs pouvoirs surhumains, la survie de ces êtres dont on ignore l'origine se révèle intimement dépendante de celle de l'humanité...

Telle est l'histoire que nous servent insidieusement les deux auteurs. Sous prétexte de nous divertir, ils incrustent dans nos inconscients à chaque nouvel épisode de nouveaux éléments, de nouvelles clés et de nouvelles preuves. Et contrairement à ce qu'ils affirment, nous en sommes certains aujourd'hui, ils n'inventent rien. Ils n'ont pour seule mission, résistant à leur propre peur, que celle de nous révéler avec prudence que derrière toute cette fumée il y a bien un feu...

... A LA REALITE

Une série en trois saisons, chacune composée de six épisodes, quatre séries parallèles également imaginées en six épisodes, soit à terme 42 albums !

Telle est l'ampleur du travail exceptionnel entrepris par le duo Corbeyran-Guérineau, depuis leur initiation en 1995, à l'univers des Stryges. Au fil des ans, les deux auteurs rallient à leur cause une petite armée d'autres illuminés tels Michel Suro, Gregory Charlet, Horne, Marc Moreno, Alexis Sentenac, et... Guy Delcourt bien entendu.

Les mécanismes scénaristiques mis en oeuvre tout au long de la série sont des modèles du genre : chaque saison est déclinée selon une logique spécifique déterminée par la thématique globale qui y est développée.

Le premier cycle met en place la scène générale et introduit les catégories de personnages. L'ennemi annoncé est le Stryge. On distingue rapidement des groupes d'intérêts opposés dans la lutte contre cet ennemi commun : les hautes sphères politiques adoptent une stratégie d'alliances et d'accords, le réseau Crandl prône la lutte armée et l'élimination radicale, enfin l'empire Weltman choisit le contrôle scientifique et se focalise sur la manipulation génétique. Piégés par leur propre camp, Debrah et Kevin cherchent des réponses. Ils constituent le lien neutre entre tous ces groupes.

UNE EXPERIENCE PLANIFIEE
ET PLEINE D'AUDACE

Le Chant des Stryges a bénéficié d'un traitement BD vraiment innovant tant pour son approche scénaristique que pour ses choix graphiques.

Corbeyran et Richard Guérineau se sont conformés depuis le premier album à deux axes de créations techniques essentiels :

- Sur le fond, ils ont imaginé dès le départ un format idéal pour recevoir et développer leur récit : 3 cycles de 6 albums. En replaçant ce choix dans le contexte de l'économie de la bande dessinée du milieu des années 90, on admet facilement que les risques pris par les auteurs et par l'éditeur furent loin d'être anodins (à noter que Guy Delcourt s'était engagé dès le début de cette aventure sur ces 18 tomes). D'ailleurs, il faut attendre la parution du quatrième tome pour que le succès s'annonce enfin.

- Sur la forme, les auteurs se mettent d'accord sur un cadrage cinématographique pour une construction à la manière des récentes séries TV. Champs, contrechamps, plans américains ou gros plans, travelling, autant de solutions visuelles utilisées dans la série. Ici, on ne parle plus d'"albums" mais d'"épisodes", on ne dit plus un "cycle" mais une "saison".
Dans le second cycle les véritables enjeux sont exposés tandis que les forces jusque-là équilibrées des différents partis s'effondrent. C'est le temps de l'analyse, de l'observation et des révélations. Weltman, immortel et schizophrène, s'avère être le grand architecte de toutes les oppositions, de tous les complots. Il n'avait qu'un seul but : mourir en confiant son pouvoir au seul être capable de faire face aux Stryges, un hybride, Debrah. Ce cycle repose essentiellement sur la réflexion, l'action pure y étant plus délétère. Il représente le calme avant la tempête et se termine sur un dessin pleine-planche extrêmement révélateur de cette tension qui atteint son paroxysme.

Évidemment, le troisième cycle débute par une explosion, comme dans le premier, annonçant que l'ultime mouvement est en marche. Il ne s'agit pas dans ce dernier acte de se poser des questions mais d'obtenir des réponses, par la force s'il le faut. On a vite fait de comprendre que l'équilibre des pouvoirs est rompu et que la nouvelle armée qui émerge, celle des hybrides, ne s'embarrassera pas de considérations morales. Dans ce premier épisode très judicieusement titré Pouvoirs, les auteurs formalisent en cinquante planches pas moins de cinq histoires parallèles, qui devront bientôt se croiser pour une apothéose que l'on imagine déjà explosive. Sept ans ont passé, les décors et les personnages ont changé : les locaux somptueux de Weltman se sont transformés en de sordides laboratoires souterrains, Nivek se contente du nettoyage d'un asile d'aliénés, Jill offre ses services à la mafia. Debrah que rien ne semble désormais pouvoir arrêter devra pourtant bientôt affronter un nouvel ennemi, un hybride comme elle mais dénué de toute raison : Austin "Sinner" Carson. La dernière saison du Chant des Stryges nous promet donc d'être plus sombre et plus vive que jamais...

Au-delà de l'envergure de l'univers unique construit pour cette saga moderne entre thriller et science-fiction, au-delà d'une créativité technique sans cesse renouvelée depuis près de quinze ans, et au-delà de son succès populaire indéniable, cette série mérite lecture et relectures minutieuses tant elle est riche d'intelligence. Il ne s'agit pas seulement dans Le Chant des Stryges de jouer de métaphores pour juger et condamner un monde manifestement malade, mais bien de proposer un regard étendu sur la nature humaine, son pouvoir, ses faiblesses, ses interrogations, son avenir. Soyez-y désormais un peu plus attentifs et des réponses vous recevrez.



Extraits du dossier T13.