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Mythe et Réalité : L'apport du Vampire

Etudié de manière isolée, en dehors de tout contexte, le phénomène des Stryges apparaît comme le fruit d'un délire fantasmatique et paranoïaque.

Ceux qui, à l'inverse, essaient de maintenir ce mythe dans un contexte purement magique, de le cantonner à un ensemble de superstitions et de croyances simplistes ou de comprendre ses origines en se bornant à étudier les sombres rituels païens qui s'y rattachent, ne font que réduire le problème. Telle est la double difficulté de cette étude. Et de la lutte qui en découle.

Avec son fameux mythe du Vampire, le folklore roumain nous livre toutefois un certain nombre d'éléments constructifs, à même de nous aider à appréhender le phénomène.

En effet, si l'on s'abstient de prêter foi aux divagations et à la mesquinerie paysanne qui pousse tout un chacun à voir dans son voisin un être démoniaque (1) et un redoutable jeteur de sorts, on trouve dans la tradition roumaine d'innombrables témoignages de "manipulations" des esprits par des créatures non humaines.

L'être néfaste appelé "Strigoï" (Sorcier) est défini comme un être non vivant manœuvré par un Ennemi (en général un Démon).

Malgré l'horreur qu'il inspire à la population qui cherchera à tout prix à le détruire et à l'empêcher de nuire (2), le Stigoï n'est jamais déclaré responsable des actes terrifiants qu'il commet. On admet communément qu'une volonté supérieure le pousse à être mauvais, à mal agir.

En procédant à des analyses et à des rapprochements, il apparaît clairement que cet Ennemi puisse être identifié à un Stryge.

Autre exemple : pour se débarrasser définitivement d'un Vampire, la tradition roumaine rapporte qu'après l'avoir démembré, il faut brûler séparément chacun des morceaux. Sans cette opération, si un seul morceau demeurait intact, le Vampire pourrait se reconstituer et recommencer à persécuter les vivants.

Comment ne pas reconnaître dans cette description les étonnantes propriétés des Stryges face à la combustion (cf "l'effet Phénix") ?

N'est-ce pas troublant de constater une fois de plus la proximité des croyances liées aux Vampires et des faits consignés sur les Stryges ?

Concernant un autre mythe, celui de la Sirène cette fois, il est en outre à noter que le verbe "a striga" signifie "crier" en roumain.

Encore une référence au verbe, à la parole, au fameux "chant" dont la légende nous souffle qu'il faut se prémunir.

Croix
Croix votive roumaine : dérisoire rempart
contre les esprits mauvais.


(1) : Sont considérés comme "Strigoï" les enfants non baptisés, les sorciers, les maudits, les excommuniés, les morts subitement, les pendus, les noyés, les suicidés, ceux qui sont nés coiffés, les 7è enfants d'une famille, les chauves, les roux, les personnes ayant les yeux bleus, les somnambules, ceux qui souffrent de difformités physiques ou encore les enfants illégitimes, malheureux petits êtres qui, fruit d'une union délictueuse ou incestueuse, sont enfantés en cachette puis assassinés par l'un des deux parants avant d'être enterrés nuitamment.
La liste est encore longue et n'est que le reflet d'une époque cruelle où violence et persécution étaient monnaie courante et souvent liée à la stupidité des hommes, à la jalousie, à la mesquinerie, à la peur de l'inconnu, et au rejet de la différence. Tant il est vrai qu'un attribue le plus facilement son malheur à l'autre, celui qui est censé posséder des pouvoirs surnaturels, plutôt qu'à des causes naturelles ou à sa propre incompétence.

(2) : Autant pour la sécurité des vivants que pour le repos éternel de l'âme du malheureux Strigoï.