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Mythe et Réalité : Homère et les Sirènes

Si l'on sait bien peu de choses sur la nature et les origines des Stryges on peut en revanche affirmer qu'ils sont la source d'inspiration de deux mythes fondamentaux : celui de la Sirènes (dont ils épousent plus ou moins la forme antique) et celui du Vampire (dont ils possèdent certaines caractéristiques sur lesquelles nous reviendront plus longuement dans un chapitre consacré à la "tradition roumaine").

Si ces deux créatures abondent dans la littérature mondiale et occupent une place de choix dans la liste des fantasmes humains, c'est parce qu'elles sont intimement liées au sang, au sacrifice, au savoir ultime et, par conséquent, au destin et aux origines de l'humanité. Sans toutefois y apporter de réponse, les Stryges semblent ainsi souffler à l'homme ses interrogations fondamentales :

« Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?
Et pourquoi sommes-nous là ? »

Dans un passage de son Odyssée, Homère évoque des êtres ailés et les nomment pour la première fois Sirènes. Sommes-nous en présence des mêmes créatures ? L'apparence des Sirènes de l'Antiquité rappelle trop celle des Stryges pour laisser place au doute. Homère précise en outre que « quiconque les écoute meurt ». Ulysse se fait alors attacher au mât de son navire pour les entendre sans risquer de succomber. Les Sirènes s'adressent aux humains en ces termes :

« Viens ici ! Viens à nous ! (...) Viens écouter nos voix ! (...) Jamais un noir vaisseau n'a doublé notre cap sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres (...) »
Homère, l'Odyssée

Nul ne sait où Homère a entendu parler des Sirènes mais son texte fait explicitement référence à la beauté de leur chant. Dans cet autre extrait, on est toutefois tenté de penser que la force de leur envoûtement réside moins dans la forme que dans le contenu de ce chant :

« Puis on s'en va content et riche en savoir, car nous savons les maux, tout les maux que les dieux (...) ont infligés aux gens (...) et nous savons aussi tout ce qui se passe sur la terre féconde. »
Homère, l'Odyssée

Cette théorie semble se confirmer à la lecture du De finibus de Cicéron :

« Ce n'est ni la douceur de leur voix, ni leur chant qui retenait les navigateurs, mais l'assurance qu'elles savaient beaucoup. »
Cicéron, De finibus
Le philosophe sceptique Antochius d'Ascalon affirme pour sa part que les Sirènes promettent la "Connaissance parfaite".
Lorsqu'on sait le sort qui attend celui qui a le malheur de prêter l'oreille à leur mélopée, on est en droit de s'interroger sur le sens caché de cette promesse...

Vase Ulysse et les Sirènes

Vase Ulysse et les Sirènes

Sirènes, détail

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