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Interview de Corbeyran (Stryges.com - 2007)

Septembre 2007 - Festival Delcourt

Avertissement : Si vous n’avez pas lu le tome 11 du Chant des Stryges, certaines révélations sont faites dans cette interview.

Les Griffes du Marais
Les Griffes du Marais
Eric, tu commences ta carrière de scénariste il y a déjà plus de 15 ans, avec Les Griffes du Marais, dont le tome 1 sort en 1989. Pour le tome 2, Patrick Amblevert passe le relais aux pinceaux à Blue Green. C’est une série que n’a pas trouvé son public, j’ai l’impression...

Corbeyran : En fait il a été imprimé en décembre 1989, et sorti en janvier 1990. La série n’a pas trop mal marché à l’époque, mais Vents d’Ouest ne voulait pas trop développer ce type de série, donc elle a été cédée à Hélyode, qui était une sorte d’extension de Lefrancq. C’était Claude Lefrancq qui s’occupait de ça à l’époque, avec des financements belges. L’astuce c’est que Patrick n’avait pas passé le relais du tout à l’époque, il avait juste pris un pseudo ; Amblevert, "En Bleu Vert", Blue Green.

Tu lances en 1992 la série La Hyène, chez Soleil. C’est une œuvre au graphisme très particulier, mais à l’histoire qui, semble-t-il, était aussi un peu hermétique. Mais c’était déjà une œuvre en rapport avec l’histoire, qui semble avoir été parmi tes premiers amours.

C. : Elle est devenue hermétique parce qu’elle n’avait pas été écrite pour être adaptée sous cette forme graphique, façon Sienkiewicz ou Mc Kean. Moi j’avais écrit une histoire assez classique ; le dessinateur qui s’en est emparé a fait quelque chose d’un peu trash. C’est devenu hermétique parce qu’on ne comprenait pas bien toutes les images. Le dessinateur ne s’est pas du tout soucié de le rendre intelligible, mais plutôt d’offrir un graphisme innovant. Si l'on avait choisi un dessinateur classique, sans changer une seule virgule du scénario, on trouverait le récit linéaire et le contenu évident. En même temps, c’étaient mes débuts, je faisais des expériences. Par contre c’était de la pure heroic-fantasy. Mourad (Boudjellal) m’avait demandé de faire de l’heroic-fantasy, c’était son truc à l’époque, et ça n’a pas changé (rires). En voyant les planches, il a d’ailleurs failli ne pas publier l'album. Au bout du compte, on devait réaliser 3 tomes, mais l'éditeur a renoncé au bout de 2.

En 1992 encore, ton chemin croise celui de Christophe Bec, autre futur grand nom de la BD. Ensemble vous lancez la série Dragan (Soleil) ; malheureusement Bec jette l’éponge avant le tome 2, et tu as refusé de le faire avec un autre dessinateur. Aimerais-tu relancer la série un jour ?

C. : Mourad avait proposé à Bec de travailler avec Ramaïoli et m’avait suggéré un autre dessinateur, mais ça n’allait pas, son style était trop amateur. On a donc arrêté la série, ce qui était déjà monnaie archi-courante chez Soleil. Je n’aimerais pas aujourd'hui relancer la série sous cette forme. C'était du pur Conan, à peine digéré. Mais tout ça c’est du passé. Mon truc à moi, c'est d'avancer sans regarder en arrière.

Le Cadet des Soupertard
Le Cadet des Soupetard
En 1993, tu te lances dans le récit jeunesse avec Le Cadet des Soupetard, une série mignonne comme tout. C’est ta rencontre avec Olivier Berlion qui t’a donné envie de te lancer dans ce genre jeunesse ?

C. : J’avais l'envie d'écrire une saga familiale, campagnarde, avec un petit gamin qui servirait de vecteur et de personnage principal. A travers ça, je voulais explorer certains thèmes qui me tiennent à cœur : la différence, la pollution, la guerre...
Olivier est passé par là (par Angoulême) à ce moment-là. Il avait déjà beaucoup de talent à l'époque et dans ses cartons se trouvaient des dessins qui correspondaient à ce projet. On s'est très bien entendu et on est vite tombés d’accord.

Elle ne pleure pas, elle chante
Elle ne pleure pas, elle chante
Tu as réalisé plusieurs séries en co-scénario. Il semblerait que tu « pousses » les auteurs à s’exprimer. Je pense notamment à Amélie Sarn, dont tu avais adapté le roman Elle ne pleure pas, elle chante, et qui vient de sortir un album aux Enfants rouges, par exemple.

C. : J’aime les associations qui apportent quelque chose. Achille Braquelaire, avec lequel je collabore sur Imago Mundi, est un scientifique. Il écrit des livres qui font 800 pages, avec peu d’images et des formules mathématiques. C’est quelqu’un de très pointu. Il est aussi très associé au monde de la BD depuis des années. On a franchi le pas ensemble. Son parcours, sa culture, ses connaissances m’enrichissent, tout comme mon parcours, ma culture et mes connaissances l’enrichissent. C’est un enrichissement mutuel. Nicolas Hamm c’est exactement pareil, il n’est spécialiste de rien, mais il a une sensibilité, une façon de voir les choses, une envie d’en découdre qui est précieuse. Sans oublier Rémi Guérin, avec lequel je collabore sur Les Véritables Légendes Urbaines. Rémi est fan de ce type d'histoire, c'est lui qui m'a convaincu de m'intéresser à ce sujet. Dans un futur proche, je vais aussi m’associer à des "vrais" scénaristes, des gens qui ont déjà des albums derrière eux et avec qui on a des envies communes. Je ne peux pas citer pas de nom pour l’instant.

Comment l’aventure du Chant des Stryges a-t-elle commencé ?

Debrah Faith

C. : Ca a commencé par l’achat d’un livre intitulé Contact & Inducement, écrit par un anglais, Peter Mc Kenzie, scientifique obscur de la première moitié du 20ème siècle. Avec Richard, on trouvait marrant d’associer une fiction avec ces créatures dont Mc Kenzie jurait ses grands dieux qu’elles existaient et qu’elles étaient à l’origine de l'apparition et des progrès de nos civilisations. On a pris des chemins de traverse, mais l’envie de développer tout un univers où l’homme ne serait pas aux commandes de sa propre destinée était une idée emballante pour tout amateur de fiction. C’est suffisamment stupide pour pouvoir délirer, et suffisamment étayé par tout un tas de fausses preuves pour ne pas dérouter complètement le lecteur. L’idée était de juxtaposer des faits qui ne sont pas juxtaposables et dire « a+b=ab ». Et là les gens disent « ah oui bien sûr, je n’y avais pas pensé, mais c'est vrai. » Ensuite, il suffit de bâtir ce qu’il y a autour, et de faire ressortir ce qui nous arrange. Cette démarche était associée à l’envie qu’avait Richard de faire quelque chose de plus réaliste. On sortait de L’As de Pique, qui était semi-réaliste, avec des références tintinnophiles, blacketmortimeriennes... On s’est posé pas mal de questions sur la manière de toucher le plus grand public. On s’était d'ailleurs posé les mêmes questions avec l’As de Pique, mais on n’avait certainement pas trouvé les bonnes réponses... Là on a trouvé 2-3 éléments de réponse, on a fait un boulot qui aujourd’hui séduit un certain nombre de lecteurs. On a sans doute l’esprit trop alambiqué pour toucher un très très large public, mais la réponse qu'on a obtenue nous satisfait.

Parmi les références du Chant des Stryges, on compte Lovecraft, X-Files, Maurice G. Dantec (Les Racines du mal) entre autres. Qu’y a-t-il d’autre ?

C. : Je lis énormément, je regarde énormément de choses, je tente de rester informé. Je suppose qu’au fil des ans, il y a beaucoup d’influences qui viennent s'ajouter à celles que vous avez citées, elles viennent se greffer petit à petit, comme des couches sédimentaires qui se déposent les unes sur les autres. Je pense qu’il faut savoir où on va, mais que ce « savoir où l’on va » ne doit pas verrouiller la créativité, mais au contraire permette une marge de manoeuvre qui se traduit par des blancs dans l’histoire. Ainsi, avec ces blancs et ces balises, on se laisse pénétrer par de nouveaux éléments, notamment les progrès scientifiques. Dans les tout premiers Stryges, les personnages manipulent des disquettes. Si tu verrouilles tout d'emblée jusqu’au tome 18 et que tu continues à parler de disquettes, non seulement tu passes pour un con, mais en plus tu passes pour un con (rires). Par conséquent je lis pas mal de bouquins et de revues scientifiques pour savoir ce qu’il se passe, les progrès sur l’ADN... Tous les mois il y a des avancées, il faut savoir ce qui sera viable dans quelques mois ou années...

Beaucoup de fans de la première heure ont vécu la fin du tome 6 comme une tromperie, voire une vaste supercherie, sentiment qu’évoque Debrah dans le tome 7. Etait-ce prévu ou t’es-tu inspiré des réactions des lecteurs ?

C. : Je ne pense pas que ce soit une supercherie. Au pire, c’est un cliffhanger. Ce genre d’attitude et de remarque me chagrine, mais on peut difficilement y échapper. Chaque lecteur s’empare de ton œuvre à sa manière, fait ses propres développements dans sa tête. Et tout ça ne correspond pas forcément à ta manière de voir les choses. Il existe quasiment autant de manières différentes d’écrire un scénario que de gens qui peuvent le lire. Maintenant, pour en revenir à cette fin de la première saison, on a offert quelques réponses, mais on a aussi ouvert sur d’autres possibilités, c'est la loi du genre. Ce que je trouvais intéressant là-dedans, et peut-être que les gens ne nous ont pas suivis là-dessus, c’est qu’on s’attendait peut-être à des grands méchants, avec des intentions belliqueuses, et finalement ils se mettent à genoux, et ils demandent de les aider. Moi je ne trouve pas que ce soit une supercherie, mais plutôt que c’est une super bonne idée. Après, si on nous dit que c’est de la merde, c’est une histoire de goût. Ce qui nous intéressait, avec Richard, c’est d’intégrer cette idée de miroir.

Melinda Chapman
Les Stryges continuent de hanter Melinda Chapman
Le Chant des Stryges T11 - Richard Guérineau
J’ai trouvé étrange la césure de 7 ans entre les 2 premières saisons. Etait-ce pour rattraper le décalage temporel qui s’était accumulé entre l’histoire et la période de parution des albums ?

C. : C’était pour recoller à l’actualité. Quand tu fais une série télé, tu la prépares longtemps à l’avance, elle passe pendant 2-3 mois à l’antenne, et puis si tu la regardes plus tard, elle peut vite dater. Nous, si notre histoire commence en 1997, le tome 10 sortira 10 ans plus tard, donc on a pris beaucoup de retard. Donc on recolle à l’actualité, mais du coup on reperd du temps, car l’histoire se passe dans un laps de temps très contracté, avec un temps de production très long. Ce défaut est dû à la méthode de production, on essaye de le corriger de cette façon. Pour la troisième saison, il y aura à nouveau un bond en avant de 7 ans. En plus, le 7 est un chiffre symbolique très important.

Je viens de lire le tome 11 du Chant des Stryges et... je dois dire que la révélation de la véritable -si tant est qu’on puisse la qualifier de véritable- identité de Weltman ne m’a pas tant surpris que ça. J’avais soupçonné ça depuis un certain temps... Finalement il ne reste pas tant de « révélations » à faire pour contenter les fans, non ?

C. : On avait donné quelques indices, en effet... Sur les révélations, tu te trompes, parce que le dernier tome du second cycle est un condensé de toutes les réponses qu’on n’a pas encore données. A propos de l’Ombre, à propos de ses gants, sur les motivations de Weltman, qui il est vraiment, qu’est-ce qu’il fait là... On a encore beaucoup de réponses à livrer.

De plus, deux personnages secondaires meurent à la fin de ce tome. Combien en restera-t-il dans un an, à la sortie du tome 12 ?

C. : Dans le prochain, on va faire table rase, puisqu’on va partir sur un autre cycle, et les têtes vont tomber, j’ai la liste (rires)... J’essaye de faire tuer Debrah régulièrement, mais elle s’en sort toujours... là elle s’en sortira encore, mais avec des séquelles... Son moral ne s’en remettra pas.

Dans ce tome 11, au détour d’une conversation, on apprend que les stryges peuvent à volonté étirer leur corps, ce qui explique l’évasion de l’un d’entre eux dans le premier tome. Les grincheux vont parler de pirouette scénaristique. Pour ma part j’y ai vu l’influence de la série X-Files et de son personnage secondaire récurrent Eugène Victor Tooms. Qu’en penses-tu ?

C. : On ne va pas épiloguer là-dessus. Oh et puis si, tiens, épiloguons un peu pour voir. La notion de pirouette est variable, c'est comme les goûts et les couleurs. J'aime pas le vert. J'aime pas l'amer. Là, c'est plutôt : on y croit ou on n’y croit pas. Tel événement sera considéré comme une pirouette par certains, et pas par d’autres. N’importe quelle fiction peut être considérée comme un ramassis de pirouettes. Pourquoi nous reprocherait-on à nous ce que le cinéma américain se permet depuis des lustres sans que personne ne s’en offusque ? Il y a un côté « petit tribunal », c'est pathétique. Pour en revenir à cette évasion spectaculaire sujette à caution, je dirais seulement ceci : si je m’étais abstenu de révéler la méthode que vos grincheux ont trouvé limite, ces mêmes grincheux auraient râlé en disant que je ne donne aucune explication. Que faire ?

Un Stryge
Dans Le Chant des Stryges, il y a beaucoup d’importance donnée aux noms des personnages, et de la façon dont ils peuvent se recombiner. Kevin Nivek est par exemple un nom que l’on peut lire de la même façon dans les deux sens. Y aurait-il un sens caché derrière tout ça ?

C. : Oui bien sûr, il s’agit d’un palindrome, qui n’est pas caché puisque tu l’as trouvé. C’est l’un des premiers que les gens ont repéré. Dans les Stryges, tout a un double sens. Même les stryges sont une dualité en soi. Ils sont à la fois bons et mauvais. Ils offrent le progrès, mais tout progrès est chargé des futurs problèmes liés à son utilisation. En inventant l’écriture, tu offres un formidable outil de communication, mais certains se diront « si on le garde pour nous, ceux qui ne l’auront pas nous seront inférieurs ». Donc tu crées également une arme de pouvoir. C'est pareil quand tu inventes la fission de l'atome, c'est génial. Mais si tu fabriques une bombe à hydrogène qui tue des millions de personnes, c'est déjà nettement moins génial. Dans toute avancée il y a une dualité. Et les stryges sont duaux, puisqu’ils ne sont ni bons ni mauvais. Ils ne vont pas te permettre de progresser afin de parvenir à un certain but. C’est à toi de choisir ce que tu vas faire du progrès qu’ils t’offrent.
Le nom de Kevin Nivek est à double sens parce que tout est à double sens dans la série. D’où les pluriels des titres également.

Tu as fait tienne la devise de Paris-Match, le poids des mots, le choc des photos. Pour le choc des photos, tu as un illustrateur exceptionnel en la présence de Richard, pour le poids des mots, je remarque que chacun des 11 (pour l’instant) titres est fait d’un seul mot, recouvrant souvent un double sens, et toujours au pluriel ! Ici « cellules » fait clairement référence à la prison, mais aussi à la génétique, qui tient une énorme part dans le background de la série. Comment s’appellera le tome 12 ?

C. : Effectivement, pour cet album je me suis documenté : l’ADN poubelle, tout ça, c’est super sympa (rires).
Pour le titre du tome 12, je ne sais pas encore... généralement je trouve les noms au moment ou l’éditeur me dit « Ca y est on va imprimer ! C’est quoi le titre ? »

Il y a un autre terme qui m’a interpellé dans ce tome 11, celui de « solution ». Comme souligné par Weltman, cela signifie la réussite, le résultat, mais aussi la fin. Pour ma part j’y ai vu une allusion chimique. C’est un mélange de deux ou plusieurs corps, un liquide pouvant contenir un corps dissous. Or, l’un des personnages reçoit une injection contenant un mélange au cours de ce tome 11... Faut-il y voir encore du symbolisme ?

C. : Solutions. Je n’y avais pas pensé à celui-là ! (rires). Il arrive que les gens voient plus de choses dans ton scénario que tu n’en vois quand tu l’écris. Encore une fois, c’est vraiment une question d’appropriation. Là, c'est plutôt une appropriation positive !

La saison 2 du Chant des Stryges est principalement axée sur l’Ombre et Sandor Weltman. Les stryges pourtant très présentes à la fin de la saison 1 mais en sont complètement absentes. Qu’en sera-t-il de la dernière saison ?

C. : Il y a 15 jours je déjeunais avec un scénariste célèbre qui me disait « c’est dommage, dans le tome 6, les stryges, on les voit trop ! ». Les goûts et les couleurs, encore une fois. Certains trouvent qu'on ne les voit pas assez, d’autres qu'on les voit trop. Moi, je suis ma propre logique, et cette logique est en cohérence avec deux choses : ce que j’ai envie de raconter et ce dont le récit a besoin. Pour ce qui est de la 3e saison, je ne peux pas trop en parler puisque le tome 12 va amorcer le contenu des tomes suivants. Tout ce que je peux dire c'est que Debrah sera le personnage principal. Il serait dommage de se priver de sa présence...

Asphodèle, Tome 3
Asphodèle - Defali
Il y a eu un cross-over avec la série Asphodèle dans les tomes 3 et 4 de cette série. D’autres correspondances sont-elles possibles ?

C. : Je trouvais que la situation s’y prêtait plutôt bien. On évoquait le diable dans Asphodèle et ça nous a semblé intéressant de faire le parallèle avec les Stryges. Mais ce qui m’a surtout poussé à le faire, c’est que pour la première fois on assistait en direct à la manière dont un stryge influençait un humain. C’est ça qui m’a intéressé.
Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais on voit le fiancé d’Asphodèle se faire contacter par un stryge et se faire influencer. Dans Le chant des stryges, on devinait la démarche, mais on ne la voyait pas; et surtout il n’y avait pas tous les commentaires introspectifs que se fait le personnage et qui décrivaient bien le phénomène.

Tout ça c’est des petits plus, mais on ne va pas multiplier non plus les cross-overs. Je pense que les gens ne sont pas prêts à nous suivre partout. C’est dommage parce que j’ai plein de trucs à raconter, mais on se retient parce que l’on sent que les gens sont agacés par ce genre d’attitude qu’ils jugent "commerciale", alors qu’au fond, nous on continue à s’amuser...

Les Hydres d’Arès ont subi beaucoup de critiques négatives à la sortie du tome 1, notamment sur le dessin et sur l’arrivée d’une série supplémentaire dans l’univers des stryges. Quelle sera ta réponse pour la suite de la série ?

C. : Ma réponse est : « on va améliorer le dessin et on va faire un cycle plus court ». Alexis Sentenac a changé son dessin du tout au tout. Sa couleur directe est époustouflante. Par ailleurs, le récit comptabilisera 3 volumes au total.

Pour Le Maître du jeu, le tome 5 semble marquer le pas dans la série, le rythme semble perdre un peu en intensité. Est ce que cela va repartir ? Que nous réserve la suite ?

C. : Je trouve les tomes 5 du Clan des Chimères et du Maître de Jeu très intéressants, au contraire. Ils révèlent énormément d’informations, font le point sur bien des choses, et remplissent parfaitement leur office de tremplins (extrêmement bien tendus) qui conduisent le lecteur au final. Le tome 5 du Clan des Chimères contient quasiment toute l’histoire de Roquebrune. Ensuite, on peut coller un autocollant « Final époustouflant » sur la couverture du tome 6 et terminer le récit dans un déluge d'effets spéciaux, toute la montée en puissance se trouve dans le tome précédent. Je ne vais pas vous révéler le contenu du tome 6 du Maître de Jeu, mais je vous invite, une fois qu’il sera sorti, à relire l'ensemble de la série, d'un seul coup, comme s'il s'agissait d'un seul et même récit. C’est de cette manière que je conçois ces spins off et c'est de cette manière qu'ils prennent toute leur valeur. Quand on lit les 6 volumes d'affilée, on ressent une véritable intensité, une montée en puissance, et on a le sentiment que ce tome (1, 2 ou 3, quel qu'il soit) est tout à fait à sa place à ce moment-là. Le tome 5 du Maître de Jeu est plein de subtilités, de tendresse entre les personnages, de retournements, de moments intenses, tragiques et intéressants psychologiquement. Je ne trouve pas que cela marque le pas ; techniquement, je pense qu'il prépare les personnages à vivre la fin de leur histoire. C'est une étape importante.

AbeauCylinia
Abeau & Cylinia
le Clan des Chimères - Michel Suro
En discutant avec Michel Suro du tome 6 du Clan des Chimères, je me suis fait la réflexion que je suivrais bien les aventures d’adultes d’Abeau et Cylinia, avant qu’ils ne traversent le temps... est-ce prévu ?

C. : Il va effectivement y avoir une belle histoire qui va mettre Abeau et Cylinia en vedette dans... un nouveau spin off ! (rires). Cette série s’appellera Le Siècle des Ombres, toujours dessinée par Michel Suro, qui a déjà réalisé quelques planches magnifiques. On bénéficie de toute l’expérience acquise par Michel au cours des six albums du Clan des Chimères. Pendant cette période, il a fait évoluer son style et il est arrivé aujourd'hui à une belle maturité. On va donc redémarrer un nouveau cycle qui va se passer du temps des Lumières – c’est pour cela que ça va s’appeler le « Siècle des Ombres » – et cela devrait être intéressant car outre le fait de suivre Abeau et Cylinia, on va aussi voir Sandor Weltman à une époque où il n’est pas encore le "grand méchant" de la série, il n’est pas encore devenu ce "génie du mal" que l’on connaît dans Le chant des stryges.

Elle serait prévue en combien de tomes ?

C. : Je ne sais pas ! Je ne sais plus ! On va voir... on va déjà en faire un ! (rires)

Tu es l’auteur de nombreuses séries aux univers très différents. Comment fais-tu pour jongler entre les séries et passer d'un univers à l'autre ?

C. : En fait comme je ne sais pas jongler, je jongle d’une main avec une seule balle, après je repose la balle, j’en prends une autre et je jongle avec (rires). En fait il n’y a pas de jonglerie, il n’y a pas de truc, mais beaucoup d’assiduité, beaucoup d’heures de boulot dans la journée, mais toujours une chose après l'autre, un album après l’autre. J'essaye de préparer l’album avec le dessinateur – quand c’est possible, quand c'est souhaité ; il arrive que certains dessinateurs ne veuillent pas y participer – puis je laisse reposer les informations, je laisse l'histoire arriver à maturation, et je termine par l'écriture du découpage. Cette dernière étape me prend à peu près un mois. Un exemple récent : on s’est vu en juin avec Richard pour discuter du contenu du tome 12 du Chant des Stryges et j'ai rédigé le scénario en août. Ce temps de maturation varie, c'est parfois beaucoup plus long. Pour le Chant des Stryges c'est mûr depuis très longtemps, donc l'exécution est plus rapide. Il n’y a donc pas de jonglerie là-dedans, il y a une masse de travail à faire que tu gères avec un emploi du temps très strict et c’est juste une question d’organisation. Je suis quelqu’un d’extrêmement bien organisé, et je ne vais pas planter quelqu’un parce que je suis en train de jongler. Mais ce sont des qualités qui au fond n’intéressent personne. On me reproche volontiers d’en faire trop, mais personne ne s’intéresse vraiment au nombre d’heures que je passe dans mon bureau. J'ai un rythme de travail trépidant et j'aime ça. J’ai besoin de faire des trucs, de m’activer, de penser, de réfléchir, de lancer des projets. C'est certainement maladif, mais c’est comme ça que je fonctionne.

Cela fait plus de 18 ans (peut-être même plus...) que tu es publié. Parmi tes nombreux albums, il y a eu de grands succès, mais aussi des échecs commerciaux, des albums qui n'ont pas trouvé leur public... Parmi ces derniers, quel est l'album ou la série dont tu regrettes le plus le non-succès ?

L'As de Pique - Richard Guérineau
L'As de Pique - Richard Guérineau

C. : On est toujours dépité quand un livre ne trouve pas son public. Il y a cependant des séries où on sait avant la sortie qu'elles n'intéressent qu'un tout petit nombre de personnes. Faut-il pour autant s'empêcher de les publier ? Je ne crois pas. Le plaisir qu'on a à réaliser un livre n'est pas toujours associé à son succès. Un insuccès n’est pas toujours vécu comme un échec. Archipel ou Pest n'ont pas atteint des sommets au box office, mais ce sont des albums dont je suis très fier et le seuil des ventes de Pest a été une excellente surprise. Le dernier « échec » commercial en date que j'ai connu, c’est Les Hydres d’Arès. L'album s'est mal vendu. C'est dommage. Il possède de grosses qualités et je pense fondamentalement que c’est une bonne histoire qui correspond bien à l’univers des stryges. Maintenant, soyons réalistes : 30 bouquins débarquent chaque semaine en librairie. Les gens font le tri.
Je regrette aussi que l’As de Pique n’ait pas mieux marché car c'était une série "irréprochable", avec un bon scénar servi par un bon dessin. Et puis on s'amusait bien. Les ventes du Cadet des Soupetard, malgré le soin et la qualité apportés à chaque album, sont toujours restées en demi-teinte. C'est dommage, car là aussi, on prenait un pied terrible avec Berlion. Mais ma philosophie, c’est de toujours regarder vers l’avant. Se poser les bonnes questions, essayer de trouver des réponses. Et avancer, avancer, avancer. Il faut bien se dire que tout ça ne nous appartient pas. Une fois l'album imprimé, c’est le public qui décide. Après on peut toujours en vouloir à l’éditeur de ne pas avoir fait assez de promo, au lecteur de ne pas être assez curieux, mais ça ne sert à rien. Alors, pas de regrets !

Avec une aussi longue carrière, il y a forcément un grand nombre de séries qui sont sorties des catalogues des éditeurs. Comment gères-tu les rééditions des anciennes séries ? Es-tu du genre à courir après les éditeurs pour rééditer telle ou telle série ou laisses-tu l'initiative aux éditeurs ? A tes co-auteurs peut-être ?

C. : Comme je le disais tout à l’heure, je suis quelqu’un qui regarde plutôt vers l’avant. Les choses que j’ai faites, elles sont faites. Elles ont eu le succès ou l’insuccès qu’elles ont eu, donc je ne cours pas après les ré-éditions. En revanche j’ai eu des propositions récemment, mais je réfléchis à la faisabilité et l’opportunité de faire ce genre de choses alors que le marché est déjà bien chargé.
Je vois toujours d’un sale œil arriver les vieux trucs qu’on ressort des cartons en disant « tiens allez, on va en remettre une couche », alors pour refaire moi-même ce genre de démarche... je réfléchis. Je ne sais pas si les choses que j’ai faites avant ont encore leur place sur un marché qui s’élève en chiffre, mais s’élève en qualité aussi. Il n’y a plus beaucoup de déchets – même s’il y en a encore – et ramener de vieux trucs non dénués de qualité, certes, mais vieux quand même, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Lorsque l'on est un scénariste de séries à succès, a t’on plus de chance de voir les nouvelles séries continuer même lorsque le succès commercial n'est pas rapidement au rendez-vous ?

C. : Un nom sur une couverture n’a aucune incidence sur les ventes, tout le monde est plus ou moins au même régime à ce niveau-là. Le nom d'un scénariste ou d'un dessinateur n’est pas synonyme de vente assurée. Très peu d'auteurs sur le marché peuvent se vanter de vendre grâce sur leur nom. Il y en a peut être 5 ou 6, pas plus. Dans mon cas, j'essaye d’aller au bout de tous mes projets. Parfois, il faut opérer des ajustements. On est obligés de revoir à la baisse des tomaisons trop optimistes. Les Hydres d’Arès et Archipel étaient des séries plus longues à l'origine. Il faut en faire son deuil. Et surtout faire en sorte de retomber sur ses pattes pour offrir une vraie fin, digne de ce nom.

Connais-tu le nombre d'albums prévus pour Double gauche ? Si oui, combien ?

C. : Ce sera une trilogie.

La sortie de Pest avait enthousiasmé pas mal de ses lecteurs. Cela remonte à trois ans maintenant. Quand la suite est-elle prévue ?

C. : Oui, oui, la suite est écrite depuis longtemps. Amaury s’est posé beaucoup, beaucoup de questions et il avance lentement sur la suite, mais il travaille dessus.
Il n’y a pas de date de sortie de prévue pour l’instant.

Tableaux de Jean-Pierre Ugarte
"Les peintures d'Ugarte sonnent comme une réécriture du passé de l'humanité."
Dans Le Territoire, tu as bati un univers fantastique autour des peintures de Jean-Pierre Ugarte. Comment as-tu rencontré cet artiste et quelle fut sa réaction lorsque tu lui as proposé d’utiliser ses toiles dans une bande dessinée ?

C. : En fait je n’ai pas rencontré l’artiste immédiatement, j’ai d’abord rencontré ses toiles dans une galerie à Bordeaux. J’ai obtenu ses coordonnées et je l’ai contacté pour savoir ce que l’on pouvait éventuellement faire avec son univers, si étonnant. Je suis bien tombé, car Jean-Pierre adore la bd. Il s'est montré enthousiaste. Il était très heureux que quelqu’un du monde de la bd s’intéresse à son boulot. En revanche, il n’avait aucune envie de réaliser lui-même des albums de bd. On a construit projet sur projet, tous plus ou moins alambiqués, de la nouvelle illustrée à l’illustration légendée. C’est une démarche qui a duré plusieurs années. Ca a été une période difficile. Le projet n'a jamais vu le jour. Du coup j’ai abandonné l'idée d'un livre illustré et j'ai créé une bande dessinée parce que c’était mon terrain privilégié. J'ai ensuite trouvé un dessinateur (le talentueux Sébastien Portet) qui a accepté d’intégrer les tableaux de Jean-Pierre à son propre travail, ce qui n’était pas évident au départ. Guy Delcourt nous a suivis. Le tome 6, dernier album de la série, sort l'an prochain.

La Loi des XII tables
La Loi des XII tables, spin off d'Asphodèle - Defali
Maintenant que la totalité de la série La Loi des 12 tables est sortie, peux-tu en faire un bilan ?

C. : On a un sentiment d’épuisement. C’était un gros défi qui s’est greffé à notre boulot habituel. On est un petit peu dépité par le niveau de vente qui est resté en-dessous de 20.000 alors qu’on espérait beaucoup plus. Mais je me suis bien amusé. Ca a été pour moi une nouvelle approche d’un récit, formaté en petites parcelles de 30 pages, c’était une super expérience. Je me suis bien marré à faire ce feuilleton avec tous les inconvénients que peut avoir un feuilleton : 30 pages parfois c’est trop long pour ce que l’on veut raconter, des fois c’est trop court, mais c’était intéressant. Le résultat est un peu inégal, mais quand on le lit d’un seul bloc, encore une fois, il y a une cohérence, une puissance, qui se dégagent de tout ça. Je ne sais pas comment ça a été reçu au coup par coup. Je pense de toute façon que un tous les deux mois, c’était trop. J’ai eu quelques réactions de lecteurs, là on peut leur demander leur avis puisque ce sont eux qui sortent l’argent de leurs poches. Le fait de sortir tous les deux mois, était un peu « too much », budgétairement. Mais bon, ça partait d'un bon sentiment, puisqu’on nous reproche généralement de ne pas sortir des bouquins assez rapidement... (rires)

Y aura-t-il une intégrale de cette série ?

C. : Je ne sais pas. Là c’est vraiment une question à poser à l’éditorial. Je ne cours pas après les intégrales car cela donne une fausse idée du coût moyen d’un album. Si l’on habitue les gens à payer moins cher une intégrale, ils trouveront (à tort) le coût de la nouveauté trop élevé. Une série reste vivante tant qu’elle est en morceaux. Alors c’est un peu incohérent avec ce que je disais tout à l’heure, dans la mesure où je conçois ça comme des œuvres de façon globale, mais tant qu’elles sont distribuées à l’unité, c’est signe de bonne santé. Une intégrale ou un coffret, c’est une sorte de petit cercueil. Je préfère les séries vivantes.

Non content de faire du divertissement de qualité, tu travailles aussi sur des ouvrages à vocation sociale et des témoignages, comme la série « Paroles de... ». Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ça ? La rencontre avec les gens de BD Boum ?

C. : Oui, c’est une rencontre. Tout mon travail repose sur la rencontre. Rencontre avec des dessinateurs qui ont tous une sensibilité unique, rencontre avec des œuvres (adaptation de classiques pour la collection Ex-Libris) et rencontre avec les gens de BD Boum qui m’ont proposé de faire des choses avec un matériau différent de celui que j'utilise habituellement. Loin de la fiction, ce sont ici des témoignages de personnes qui se trouvent derrière les barreaux. Ce sont des bouquins que je n’aurais pas pu réaliser de ma propre initiative. C’est quelque chose que l’on m’a proposé, donc curieusement, c'est un boulot d'auteur mais il s'agit d'« œuvres de commande ». Je considère ce genre d'expérience plutôt comme un cadeau qu’on me fait en me disant « tiens tu vas coordonner ça, tu vas t’en occuper ».
Moi ça m’a emballé. Pour une fois, j'ai mis ma technique au service de quelque chose d'un petit peu "utile". Et c’est pas rien.

Le Régulateur - Marc Moreno
Le Régulateur - Marc Moreno
Malgré la gamme très étendue de tes œuvres, il semblerait que ce soit le fantastique le genre où tu t’exprimes le mieux.

C. : J’adore le fantastique car il permet beaucoup, beaucoup de choses. Je me sens toujours à l’étroit dans le réalisme parce que traduire une réalité est une affaire extrêmement complexe. Quand tu fais du fantastique, tu prends une petite partie de cette réalité dont tu as envie de parler et tu mets une loupe dessus. C’est ce qu’on appelle créer un univers. Dans le Régulateur, par exemple, j’avais envie de parler de terrorisme et de politique. C’est difficile d’en parler dans la réalité, je ne trouvais pas les mots, ni les idées. Quand j’ai découvert l’univers graphique de Moreno, je me suis dit qu'on pouvait aborder un tel sujet. L'effet loupe permet que tout l'univers que tu crées tourne autour de ce petit morceau de la réalité. Tu transformes en " tout " ce qui n'est à l'origine qu'une " partie ". Le fantastique permet ça. Pareil pour le Fond du Monde. L’incommunicabilité et la fracture sociale se sont transformées en images "réelles" dans mon esprit lorsque j'ai découvert les dessins de Denis Falque.

Quels sont tes auteurs préférés ?

C. : Je lis beaucoup. Je suis très éclectique dans mes lectures. Je découvre chaque année de nouvelles plumes. J’ai passé l'été en compagnie de l'oeuvre de Chuck Palahniuk, l’écrivain dont a été tiré le film Fight Club. J'ai dévoré. J'ai adoré. Du coup, je n'étais même pas bronzé à mon retour de vacances ! Coté écrivains américains, j'ai beaucoup d'admiration pour les bouquins de Howard, Lovecraft, Poe et Philip K Dick, mais j'adore aussi Fante, Sherman Alexie et Bukowski. Mes auteurs français préférés sont Marc Levy, Tonino Benacquista, Frederic Beigbeder et Serge Brussolo.

Est-ce qu'il t’est arrivé de scénariser d'autres BD sous un pseudo ?

C. : Non. On l’a envisagé récemment et puis on l’a désenvisagé encore plus récemment. On l’envisageait pour voir ce qui se passerait. Et puis tu te dis c’est un secret de polichinelle et qu’en deux semaines les fans sauront qui c’est parce qu’il y a des dédicaces, et puis parce que tout le monde en parle, donc on a abandonné l’idée.

As-tu beaucoup d'autres projets dans tes cartons et quels sont tes thèmes de prédilections actuels ?

C. : Un gros projet est en cours chez Glénat, dont le 1er tome est prévu pour janvier 2008. Ca s’appelle Uchronies. Ca va parler de trois mondes plus ou moins parallèles qui coexistent et possèdent chacun leur propre "réalité". L'un des personnages découvre un moyen de les interconnecter. On navigue donc d'un univers à l'autre. La question principale que pose la série est :" la réalité est-elle aussi réelle qu'on le croit ? " En deux mots, lorsque l’on dit qu’une table est dure et qu'un mur solide, jusqu'à quel point cette table est "vraiment" dure et ce mur "vraiment" solide ? Jusqu’à quel point le temps est-il une flèche qui va d'un point à l'autre ? Est-il capable de s'arrêter, de s'accélérer, de revenir en arrière ? Jusqu’à quel niveau l’espace est-il infini ? Et l'homme dans tout ça ? Ce sujet me fascine. Tout ce questionnement sera servi par un thriller politico-fantastique. Dans l’une des réalités, Ben Laden aura gagné son pari, c’est à dire qu’il aura conquis l’occident et l’aura reconstruit à sa manière. Dans une autre réalité, Martin Luther King sera devenu président des Etats-Unis, aura été assassiné en 63 à Dallas et les Black Panthers auront pris le pouvoir. La troisième réalité sera la nôtre. Trois dessinateurs vont s'occuper de mettre tout ça en image : Djilalli Defali, Eric Chabbert et Beka.
Chez Dargaud, la collection Cosmo, au sein de laquelle est parue Nanami, va changer de nom et de forme. Je devrais publier 4 ou 5 titres cette année dans cette collection qui flirte avec le manga. J'aime beaucoup ce projet qui me permet de renouer avec un public plus jeune que j'avais un peu abandonné ces derniers temps.
J'ai également signé un gros projet chez Delcourt, projet qui devrait voir le jour courant 2008. Ca s'appelle le 7e sens. Je n'en dis pas plus pour le moment, mais c'est un peu l'équivalent européen des super héros américains. De quoi saliver, non ?

De quoi saliver effectivement ! Eric, un grand merci à toi pour avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions !

Interview réalisée le 15 septembre 2007 par Spooky et Laurent,
avec la participation d’ArzaK, Baywin, chelmi, Garion, guillaume BDCAFE et Pollux29.